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- Numéro 25
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Quelle est l'efficacité d'une intervention par l'exercice, basée sur les preuves, chez les personnes souffrant d'une douleur fémoro-patellaire ?
POINTS CLÉS
- Sur la base sur d'un récent consensus d'experts, cette étude observationnelle a testé un programme d'exercices de 6 semaines sur 27 personnes souffrant d'une douleur fémoro-patellaire.
- Des améliorations significatives ont été observées de la fonction du genou, la kinésiophobie et l'inhibition musculaire.
- Aucune amélioration significative n'a été observée de la force du quadriceps, la biomécanique de la course ou l'échelle numérique d'évaluation de la douleur (bien que les scores de douleur étaient très faibles au départ).
CONTEXTE ET OBJECTIFS
La douleur fémoro-patellaire (PFP) est l'une des causes les plus fréquentes de douleur antérieure du genou observée au cabinet. En 2015, un groupe d'experts sur la PFP s'est réuni lors de l'International Patellofemoral Pain Research Retreat. Ils ont produit une déclaration de consensus sur la gestion de la PFP qui comprenait des conseils sur la thérapie par l'exercice, le taping, les orthèses et les interventions combinées (1).
Cette étude visait à étudier un programme de rééducation multimodal basé sur ces recommandations. Les auteurs ont émis l'hypothèse qu'un programme d'exercices de 6 semaines améliorerait la douleur, la fonction, la kinésiophobie et la biomécanique de la course, ainsi que la force et l'inhibition du quadriceps.
L'amélioration des symptômes ne nécessite peut-être pas une augmentation significative de la force et peut s'expliquer par d'autres changements tels qu'un retour progressif à la fonction, une réduction de la kinésiophobie ou une diminution de l'inhibition musculaire.
MÉTHODE
Cette étude était de conception observationnelle. 27 participants avec une PFP et qui remplissaient les critères d'inclusion ont été recrutés. Plusieurs critères d'évaluation ont été pris au départ et après l'intervention par l'exercice de 6 semaines. Ceux-ci comprenaient :
- Une échelle numérique d'évaluation de la douleur (EN)
- La Knee Injury and Osteoarthritis Outcome Score (KOOS) et la Kujala Anterior Knee Pain Scale pour évaluer la fonction
- La Tampa scale of kinesiophobia
- Les données cinématiques et cinétiques 3D de la course sur une piste de 15 m
- La force des quadriceps sur dynamomètre isocinétique
- L'inhibition musculaire arthrogénique (IMA) du quadriceps
Quatre exercices principaux (avec progressions/régressions) ont été recommandés avec 3 séries de 10 à 25 répétitions – squats, ponts, marches latérales et un exercice de quadriceps à chaine cinétique ouverte (plus des étirements pour le mollet et les ischio-jambiers). Regardez la vidéo pour voir une démonstration de ces exercices.
Les participants ont été encouragés à faire progresser eux-mêmes les exercices en fonction des symptômes, et le programme a été conçu pour durer environ 30 minutes. Les exercices ont été effectués quotidiennement pendant la période de 6 semaines.
RÉSULTATS
- La fonction du genou, la kinésiophobie et l'inhibition du quadriceps se sont considérablement améliorées après le programme de 6 semaines.
- Bien que l'évaluation numérique de la douleur ne se soit pas améliorée de manière significative, tous les patients étaient sans douleur à 6 semaines.
- Les améliorations du KOOS ont dépassé la différence cliniquement significative. Ce ne fut pas le cas pour les changements observés sur l'échelle Kujala et l'échelle Tampa pour la kinésiophobie.
- Les participants ont obtenu des scores KOOS élevés, ce qui suggère qu'il n'y avait aucune limitation dans le sport ou les activités de la vie quotidienne après le programme de rééducation, bien que certains symptômes persistent.
- Il n'y avait pas d'améliorations significatives de la force du quadriceps ou de la biomécanique de course.
LIMITES
- Un tiers des participants à l'étude ont abandonné, ce qui signifie que seulement 16 des 27 ont terminé l'étude. Par conséquent, il y avait un manque de puissance pour évaluer bon nombre des critères d'évaluation.
- Aucun résultat à long terme n'a été enregistré au-delà des 6 semaines et il n'y avait pas de groupe contrôle auquel se comparer.
- Les scores numériques de base de la douleur étaient très faibles en moyenne (seulement 0,9), ce qui explique probablement pourquoi les améliorations n'étaient pas statistiquement significatives malgré le fait que les sujets n'avaient pas de douleur.
- Le programme d'exercices était progressif, mais ne semblait pas optimisé pour améliorer la force. En règle générale, une charge équivalente à 8-12 répétitions maximum ou plus est recommandée pour augmenter la force (2), et non 10-25 répétitions comme utilisées dans cette étude.
IMPLICATIONS CLINIQUES
Malgré les limites mentionnées ci-dessus, dans le contexte d'autres recherches, nous pouvons tirer quelques conclusions de cette étude :
- Les exercices de rééducation (tels que le renforcement musculaire) ne semblent pas modifier de manière significative la cinématique de la course notamment l'adduction de hanche ou l'angle de flexion du genou. Des sollicitations spécifiques qui sont utilisées pendant la course sont nécessaires pour atteindre ce but, comme une augmentation de la fréquence des pas à l'aide d'un métronome.
- L'inhibition du quadriceps peut être une caractéristique de la PFP et peut s'améliorer après un programme d'exercices.
- Une petite sélection de 3 à 4 exercices conçus pour renforcer les quadriceps et les fessiers peut être efficace pour améliorer la douleur et la fonction dans la PFP.
- L'amélioration des symptômes ne nécessite peut-être pas une augmentation significative de la force et peut s'expliquer par d'autres changements tels qu'un retour progressif à la fonction, une réduction de la kinésiophobie ou une diminution de l'inhibition musculaire.
- Les individus plus forts peuvent nécessiter une charge plus lourde pour produire une surcharge suffisante pour augmenter la force.
Des études comme celle-ci soulignent l'importance de lire plus que le résumé de l'étude ! L'énoncé « la douleur ne s'est pas améliorée de manière significative » pourrait facilement être mal interprété pour suggérer que l'intervention par l'exercice n'a pas été efficace. Si vous ne lisiez que le résumé, vous ne sauriez pas que la douleur était inférieure à 1 sur 10 initialement !
Il est à noter que les participants à l'étude ont été informés que les exercices effectués devaient être sans douleur. Cela aurait pu créer un obstacle supplémentaire à la progression. Une approche moins prudente, qui permettait une douleur légère (à condition qu'elle se calme rapidement) et encourageait des niveaux de charge plus élevés, aurait pu être plus efficace, en particulier pour gagner en force.
Une dernière remarque, mais pas des moindres : pourquoi un tiers des personnes ont-ils abandonné ? Le programme d'exercices prenait-il pris trop de temps ? 30 minutes par jour est un engagement de temps assez important. Était-ce assez difficile ? Il se peut que les personnes n'aient pas ressenti de bénéfice avec un niveau d'effort aussi bas. Ce sont des considérations importantes, car aucun programme d'exercices n'est efficace si le patient ne le fait pas !
+RÉFÉRENCES
RÉFÉRENCES CITÉES
- Crossley KM, van Middelkoop M, Callaghan MJ, Collins NJ, Rathleff MS, Barton CJ. 2016 Patellofemoral pain consensus statement from the 4th International Patellofemoral Pain Research Retreat, Manchester. Part 2: recommended physical interventions (exercise, taping, bracing, foot orthoses and combined interventions). Br J Sports Med. 2016 Jul;50(14):844-52. doi: 10.1136/ bjsports-2016-096268. Epub 2016 May 31. PMID: 27247098; PMCID: PMC4975825.
- American College of Sports Medicine. American College of Sports Medicine position stand. Progression models in resistance training for healthy adults. Med Sci Sports Exerc. 2009 Mar;41(3):687-708. doi: 10.1249/MSS.0b013e3181915670. PMID: 19204579.