L'hypermobilité articulaire symptomatique

Une analyse de Dr Xiaoqi Chen info

POINTS CLÉS

  1. L'hypermobilité articulaire peut être évaluée en utilisant le système d'évaluation de Beighton qui dispose d'un seuil de 5 sur 9. Cependant, les personnes qui atteignent ce seuil peuvent tout de même être asymptomatiques.
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CONTEXTE ET OBJECTIFS

L'hypermobilité articulaire généralisée (HAG) est une hypermobilité associée à de multiples articulations. La prévalence de l'HAG peut aller jusqu'à 57 % (1). Le système d'évaluation de Beighton est l'outil d'évaluation le plus reproductible pour l'hypermobilité, avec une bonne fiabilité inter-évaluateur (2). Le seuil original pour le score de Beighton est de 5 sur 9 (3), mais des variables confondantes comme l'âge, le genre, le niveau d'entraînement, les blessures, le statut hormonal et l'ethnicité peuvent avoir un effet sur ce score.

Les études ont essayé d'investiguer pourquoi autant de personnes sont hypermobiles mais restent asymptomatiques, sans grand succès. En théorie, une articulation hypermobile est plus dépendante de la fonction musculotendineuse pour sa stabilité, et tout manquement peut engendrer une lésion/un stress sur les tissus mous. De plus, une articulation hypermobile peut altérer la fonction biomécanique du corps, provoquant des changements compensatoires sur d'autres zones du corps et une irritation potentielle des tissus mous. Il se peut que les personnes asymptomatiques aient adopté une stratégie biomécanique efficace tout au long de leur vie. D'un autre côté, les personnes qui, au contraire, sont symptomatiques font l'expérience de tout un panel de symptômes allant de la douleur chronique, la fatigue, l'altération de leur proprioception articulaire, à des traumatismes des articulations et des tissus mous.

La prévalence de l'hypermobilité articulaire généralisée peut atteindre jusqu'à 57 %.
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La régularité de la pratique de l'exercice physique est clé pour soulager ou prévenir la détérioration des symptômes musculosquelettiques.

Causes de l'hypermobilité et diagnostic Les causes de l'hypermobilité articulaire sont multifactorielles. L'hypermobilité peut être influencée par une combinaison de facteurs environnementaux et génétiques. Elle peut être aussi bien acquise que congénitale. L'hypermobilité articulaire est associée à bon nombre de troubles héréditaires du tissu conjonctif comme le syndrome d'Ehlers-Danlos (SED), l'ostéogenèse imparfaite, et le syndrome de Marfan. Le type le plus commun de SED et le SED de type hypermobile (SEDh), mais parmi les 13 types de SED, le SEDh est le seul qui n'ait pas de marqueur génétique identifiable. C'est pourquoi le diagnostic du SEDh repose sur le diagnostic clinique sur la base de l'International Consortium Diagnostic Criteria de 2017 (4), d'après lequel les patients doivent répondre aux critères 1,2 et 3 simultanément pour un diagnostic positif. Les critères diagnostiques du SEDh de 2017 sont certes exhaustifs mais lacunaires. Beaucoup de patients avec une hypermobilité significative n'arrivent pas au seuil de validation diagnostique mais ont tout de même un certain nombre de comorbidités associées à leur hypermobilité. Selon le Dr Tinkle, « ces patients devraient être classés au sein des troubles du spectre de l'hypermobilité (Hypermobility Spectrum Disorder (HSD) pour valider leur statut clinique et les aider ainsi à recevoir les services appropriés ». Il est notamment important qu'un généticien spécialisé en hypermobilité confirme le diagnostic. Les recherches en cours sur le sujet vont sûrement engendrer un affinement des critères diagnostiques du SEDh 2017.

Gestion/prise en charge et comorbidités multisystémiques Beaucoup de patients souffrant d'HAG et particulièrement ceux qui souffrent de SEDh et d'HSD ont d'autres comorbidités ou d'autres pathologies. On peut citer l'instabilité articulaire, la douleur chronique, la fatigue, les vertiges positionnels et les troubles gastro-intestinaux.

Il y a un manque de preuve de bonne qualité dans la prise en charge de l'hypermobilité articulaire. Selon les recommandations du Dr Tinkle, les personnes hypermobiles asymptomatiques trouveront un bénéfice à faire de l'activité physique régulièrement, à respecter 'une bonne ergonomie' et à éviter 'les contorsions extrêmes'. Pour les individus symptomatiques, Le Dr Tinkle recommande une thérapeutique centrée sur la réduction des spasmes (c.-à-d. de la relaxation, du massage, de l'hydrothérapie, des étirements), et des exercices à faible impact/résistance pour augmenter le tonus musculaire, la stabilité articulaire et l'endurance globale. Il ajoute par ailleurs que les articulations hypermobiles nécessiteront plus d'éducation neuromusculaire pour les aider à activer les muscles stabilisateurs et à cibler les autres groupes musculaires dominants et tendus. La mise en place d'orthèses articulaires peut être considérée pour aider à gérer l'instabilité articulaire dans le cas d'une blessure, et pour permettre à l'individu de faire de l'exercice. Le port prolongé d'orthèses n'est pas idéal, et elle devrait aller de pair avec l'exercice continu et dosé de manière appropriée. La fatigue est une autre plainte courante chez les personnes souffrant d'hypermobilité. La fatigue peut être exacerbée par la douleur, les troubles du sommeil, une mauvaise humeur, et une intolérance posturale. L'intolérance posturale est courante chez les individus souffrant d'HAG et elle se présente sous forme de vertiges posturaux avec des poussées cycliques d'adrénaline pour compenser les changements posturaux. Ceux qui souffrent d'hypermobilité sont plus susceptibles à l'intolérance posturale à cause de l'augmentation de l'élasticité artérielle et l'accumulation du sang veineux. Des tests supplémentaires comme celui de la table basculante (tilt table test) peuvent être demandés par un cardiologue. La prise en charge de l'intolérance posturale inclut typiquement une meilleure hydratation, l'augmentation des apports en sodium, des vêtements compressifs, et l'évitement des déclencheurs comme la chaleur. Des exercices réguliers peuvent augmenter la capacité cardiaque et réduire l'intolérance posturale. Des médicaments peuvent être utiles à certains patients.

La constipation chronique est un des symptômes précoces des individus souffrant d'HAG à cause de l'augmentation de la laxité intestinale. D'autres présentations systémiques sont courantes comme la dysphagie, les reflux, la douleur/le gonflement abdominal(e) et la diarrhée. Le traitement comporte typiquement des modifications du point de vue nutritionnel en conjonction à une meilleure hydratation, de l'exercice, de bonnes habitudes aux toilettes et une thérapie du plancher pelvien. Dans certains cas, les patients auront besoin de consulter un gastro-entérologue ou un diététicien.

IMPLICATIONS CLINIQUES

Un thérapeute averti sera vigilant à la possibilité d'un trouble du tissu conjonctif chez des patients qui se présentent avec une douleur chronique, une instabilité articulaire ou d'autres manifestations mentionnées précédemment. Il se peut que la confirmation du diagnostic d'hypermobilité

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