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Points de vue actuels sur la dyskinésie scapulaire et sa potentielle pertinence clinique
POINTS CLÉS
- Actuellement, la meilleure option d'investigation pour établir la potentielle implication de la scapula dans un trouble de l'épaule est une évaluation quantitative.
- L’examen physique doit inclure l’analyse des potentiels facteurs causaux notamment par le biais de l'anatomie, mais cela ne devrait pas être l'élément principal.
- L'approche rééducative devrait prioriser le contrôle moteur, plutôt que les exercices de renforcement isolés.
CONTEXTE ET OBJECTIFS
La scapula est essentielle pour un fonctionnement efficace des membres supérieurs et sa perte de fonction a des implications dans les blessures à l'épaule, les symptômes et la fonction des membres supérieurs. Bien que l'évaluation des fonctions de la scapula soit de mieux en mieux comprise (1), l'importance clinique de son influence sur le complexe de l'épaule reste floue.
Le but de cette étude était de fournir un plan pour l'évaluation et le traitement de la dyskinésie de la scapula (DS) en accord avec les connaissances actuelles sur son rôle dans les symptômes et les pathologies, et comment mettre ceci en pratique.
Les auteurs postulent qu'une approche de « feedback » plus proprioceptive pour la rééducation de la scapula peut être plus efficace pour rétablir le contrôle moteur au sein de la chaîne cinétique.
MÉTHODE
Les auteurs ont fourni une vue d'ensemble des opinions actuelles sur la DS, et ont produit une revue narrative combinée à l'avis d'experts sur sa pertinence clinique.
RÉSULTATS
Les auteurs présentent un cadre de raisonnement, actualisé et basé sur les preuves, de la terminologie et l’évaluation relative à la scapula, sa contribution aux symptômes, tout en présentant des arguments forts en faveur d’une reconsidération du rôle du renforcement isolé dans la DS.
Repenser l'examen clinique
La DS est une déficience, pas un diagnostic. Ainsi, l'évaluation clinique ne devrait pas cibler de tests pour une cause patho-anatomique, mais plutôt se concentrer sur la position et le mouvement. Les auteurs proposent le cadre suivant pour évaluer la fonction de la scapula :
- Établir la présence ou absence de DS
Cela est effectué en regardant le mouvement de la scapula lors de flexions et abductions répétées de l'épaule, avec des poids si nécessaire (2). Les auteurs recommandent d'effectuer également trois tests musculaires spécifiques à la fonction scapulaire (dentelé antérieur, trapèze moyen et rhomboïdes). Une faiblesse ou un mouvement de la scapula lors de ces tests suggère une faiblesse musculaire autour de la scapula.
- Établir la relation entre la dyskinésie et les symptômes
Appliquer les tests correctifs suivant lors des mouvements de provocation peut aider à évaluer la contribution de la DS aux symptômes et à la fonction, et guider la rééducation (Voir Tableau 1).
- Évaluer les causes possibles
Lorsque la DS est liée aux symptômes cliniques, identifier si elle est patho-anatomique (par exemple : fracture de la clavicule ou de la scapula, lésion de l'acromio-claviculaire, lésion nerveuse) ou physiopathologique (par exemple : déséquilibre, inhibition, raideur, ou faiblesse musculaire) peut guider le traitement (voir Figure 1)
Repenser le traitement
Le traitement de la DS s'est concentré sur l'amélioration de la mobilité et de la force en supposant que ces facteurs contribuent à un mouvement défectueux, mais ces interventions n'ont montré que peu de changement dans le mouvement de la scapula (3).
Les exercices ciblant les muscles spécifiques de la scapula ont été suggérés principalement sur la base d'études EMG menées sur des individus asymptomatiques dans des positions non fonctionnelles (debout, en décubitus ventral ou dorsal) en supposant que ces muscles travaillent isolément pour produire le mouvement, or nous savons que cela n’est pas vrai. Il est également possible que ces muscles fonctionnent différemment en présence de symptômes. Il semblerait donc que les preuves ne soient pas encore convaincantes à propos du renforcement musculaire spécifique et de l'influence de l'activation musculaire sur la DS.
LIMITES
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Il s'agissait d'un article présentant le point de vue clinique des auteurs. Ainsi, les preuves et opinions des experts étaient présentées de manière à étayer le point de vue des auteurs (Les qualifications des auteurs leur permettent cette approche).
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Malgré l'approche non systématique (article relatant un point de vue clinique), ils présentent un raisonnement résumé avec des applications cliniques soutenues par les preuves avancées.
IMPLICATIONS CLINIQUES
Si la mobilité et la force ne sont pas la solution pour corriger la dyskinésie scapulaire, peut-être que la dysfonction est davantage liée au contrôle moteur. Le contrôle moteur provient de la perception et des processus sensoriels, et inclut des informations visuelles, vestibulaires et d'autres informations sensorielles. Les auteurs ont souligné que la scapula ne peut être vue à cause de sa localisation au niveau thoracique postérieur, et ce manque de feedback visuel pourrait contribuer aux altérations du mouvement.
Il a été démontré que la correction consciente (« préréglage » musculaire), le feedback visuel, auditif et kinesthésique améliorent la position de la scapula et l'activité musculaire. Les auteurs postulent qu'une approche de feedback plus proprioceptive pour la rééducation de la scapula peut être plus efficace pour rétablir le contrôle moteur au sein de la chaine cinétique.
Des articles de consensus d'experts ont suggéré que les programmes de contrôle moteur de la scapula incluant des mouvements fonctionnels améliorent l'activation des muscles par une activation synergique des membres inférieurs et du tronc. Un exemple d'un tel programme devrait comprendre :
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Augmentation progressive des bras de levier
- Bras en adduction vs en abduction ou flexion
- Le but est d'établir précocement un bon positionnement de la scapula
- Lorsqu'un bon contrôle est établi, la longueur du levier peut être progressivement augmentée en fonction de la réponse des symptômes.
- Les quantifications recommandées comprenaient :
- 1-2 séries, 5-10 répétitions sans résistance externe
- Progrès vers un objectif de 5-6 séries de 10 répétitions avant d'ajouter de la résistance
- La résistance doit commencer par des poids libres légers (1-2 kg maximum) et progresser vers la résistance élastique avec surveillance de la charge
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Exercices assis et debout préférentiellement au décubitus ventral ou dorsal
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Cibler les déficiences dans l'ordre suivant :
- Mobilité
- Contrôle moteur
- Force (si nécessaire)
- Endurance
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Utiliser des bras de leviers plus importants une fois la rééducation avancée
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Passer à la pliométrie juste avant de terminer la rééducation
+RÉFÉRENCES
RÉFÉRENCES CITÉES
- Kibler WB, Sciascia AD. Introduction to the second international conference on scapular dyskinesis in shoulder injury-the 'scapular summit' report of 2013. British Journal of Sports Medicine. 2013;47(14):874.
- Tate AR, McClure P, Kareha S, Irwin D, Barbe MF. A clinical method for identifying scapular dyskinesis, part 2: Validity. Journal of Athletic Training. 2009;44(2):165-73.
- Rosa DP, Borstad JD, Pogetti LS, Camargo PR. Effects of a stretching protocol for the pectoralis minor on muscle length, function, and scapular kinematics in individuals with and without shoulder pain. J Hand Ther. 2017;30(1):20-9.