- Ma Bibliothèque
- 2020 Issues
- Numéro 5
- Comment les tendons s'adaptent-ils ? Dépasser…
Comment les tendons s'adaptent-ils ? Dépasser la réponse tissulaire pour comprendre l'adaptation positive et l'apparition de pathologies : un état des lieux
POINTS CLÉS
- Nous n'avons pas encore réussi à expliquer entièrement comment les changements qui s'opèrent à un niveau tissulaire affectent les changements au niveau de la personne car d'autres systèmes semblent y contribuer.
CONTEXTE ET OBJECTIFS
Il est crucial de comprendre la mécanobiologie de l'adaptation tendineuse, les effets de la charge et comment améliorer la qualité du tendon. Des stimuli négatifs peuvent créer une pathologie, de la douleur et altérer la fonction alors que des stimuli positifs augmentent la résistance aux contraintes de charge [capacité à endurer la charge], peuvent diminuer la douleur et améliorer la fonction. Les tendons répondent aux stimuli mécaniques de multiples façons. Nous avons une compréhension partielle de cette réponse biochimique/mécanique complexe. Les modifications au niveau de la personne permettent de mesurer la capacité de plusieurs tissus et systèmes dans la chaîne cinétique, mais il faut aussi considérer les altérations au niveau de chaque tissu. Comment les changements au niveau tissulaire affectent la personne ne sont pas clairs. Il est important de noter que l'adaptation d'un tissu ou système peut ne pas expliquer les changements au niveau de la personne. Les changements au sein du tendon peuvent contribuer à, sans expliquer totalement, l'amélioration de la performance due au fait que le muscle, le nerf et d'autres tissus conjonctifs contribuent également aux adaptations au niveau de la personne.
Le but de cet état des lieux était de définir les réponses mécaniques qui sont potentiellement en lien avec l'adaptation du tendon sain et pathologique et comment elles peuvent s'associer pour améliorer la fonction ou la résistance aux contraintes de charge.
L'amélioration de la douleur dans la tendinopathie n'engendre pas directement une augmentation de la résistance aux contraintes de charge.
Comment le tendon s'adapte-t-il ?
Taille du tendon
- L'intégration de nouvelles fibres de collagène dans le tendon semble limitée après la fin de la croissance osseuse.
- La charge est associée à une plus grande dimension du tendon.
- Il y a une petite augmentation du diamètre de section transversale (DST) à l'exercice.
- Il n'y a aucun lien entre l'augmentation du DST et la diminution de la douleur.
- Le manque d'exercice pendant la puberté est un facteur de risque possible de développer une tendinopathie à l'âge adulte.
- Après la puberté, il peut y avoir une altération des propriétés mécaniques ou une altération de la matrice extracellulaire.
Propriétés mécaniques
- Malgré la diminution de la rigidité du tendon immédiatement après l'exercice, il retourne à son niveau d'origine en moins d'un jour.
- Les contraintes de charge à long terme provoquent une augmentation de la rigidité : pas clair si ces changements contribuent à une adaptation au niveau de la personne.
- L'avantage de la rigidité ou de la compliance dans la performance est peu clair.
- Il y a une corrélation positive entre d'une part la rigidité et d'autre part le squat et le countermovement jump height [saut statique en passant par le squat].
- Importante corrélation entre la rigidité et la vitesse d'exécution du moment de force.
- La rigidité peut augmenter la transmission de la force de contraction du muscle vers l'os améliorant ainsi la force.
- La compliance semble engendrer un plus grand stockage de l'énergie, améliore les sauts, donne un meilleur allongement et améliore le stockage de l'énergie potentielle.
- Aucun lien entre les propriétés mécaniques et la mauvaise adaptation du tendon.
- L'adaptation au niveau de la personne est influencée par les propriétés mécaniques du tendon : les changements tissulaires requis restent peu clairs.
Structure interne du tendon
- des protéines spécifiques sont impliquées (la résolution de l'imagerie actuelle ne permettent pas de les discerner)
- La contrainte peut altérer le contenu en protéoglycanes et donc le contenu en eau ce qui crée une séparation des fibres.
Vascularisation du tendon
- Les modifications de vascularisation en réponse à l'exercice n'ont pas été mis en lien avec la pathologie/la douleur. Elle retourne aux niveaux de base en quelques jours.
Comment les tendons pathologiques s'adaptent-ils ?
Le tendon dégénératif retrouve rarement sa structure normale et comment il augmente sa résistance à la charge n'est pas clair. Des essais de normalisation de ce tendon ont été faits au travers de la charge, mais ces changements ne correspondent pas à une amélioration clinique. Le tendon pathologie ne s'améliore pas seulement par le biais de l'amélioration de sa structure.
Le tendon pathologique contient plus de structures fibrillaires alignées par rapport au tendon normal. Le but est de compenser les zones de désorganisation en augmentant ses dimensions pour assurer un niveau suffisant de fibrilles alignées afin de mieux tolérer la charge/contrainte.
L'adaptation et l'augmentation de la résistance à la contrainte peut ne pas avoir lieu au sein des zones dégénératives à cause de l'incapacité à ressentir les stimuli mécaniques qui sont nécessaires pour stimuler la réponse cellulaire requise pour l'adaptation. L'adaptation peut se produire dans les structures fibrillaires alignées plutôt que dans les zones dégénératives. Comment les stimuli mécaniques affectent la tendinopathie est mal compris. Le travail en excentrique et le heavy slow resistance training [ renforcement à charges lourdes associé à un mouvement lent] ont peu d'effets sur les propriétés mécaniques. Bien que les changements des propriétés mécaniques semblent être un facteur probable pour expliquer l'adaptation des tendons pathologiques, les preuves actuelles sont bien loin d'être formelles à ce sujet.
IMPLICATIONS CLINIQUES
Il y a certaines lacunes dans les preuves mécanistiques sur la résistance à la charge. Nous savons bien que même une déformation en allongement de 6% du tendon peut augmenter la sécrétion de collagène I (traduit de l'ARNm) et inhibe