Le guide de la nutrition pour le kinésithérapeute : comprendre les principes de base de la nutrition

12 mins de lecture. Posté dans Autre
Un article de Ann-Sophie De Backer info

Nous savons que la nutrition est importante, mais la plupart d’entre nous n’y connaissent pas grand-chose. Bien que nous ne soyons pas des diététiciens, la nutrition peut jouer un rôle important dans le processus de guérison de nos patients. Nous devrions donc au moins en comprendre les bases afin de répondre aux questions éventuelles et de donner des conseils appropriés. Ce blog abordera les principes fondamentaux – comment optimiser la nutrition après une blessure ou une intervention chirurgicale, ainsi que les principes de la nutrition pour des os sains et son rôle dans la gestion de l’arthrose.

Si ce sujet vous intéresse et que vous souhaitez en savoir plus, vous pouvez regarder la Masterclass de Ben Steele-Turner au sujet de la nutrition en cliquant ICI !

Les fondamentaux

Une bonne alimentation est toujours importante, mais son rôle devient encore plus essentiel en cas de maladie et/ou de blessure. Après une intervention chirurgicale, les patients peuvent penser qu’ils n’ont pas besoin de manger autant qu’avant parce qu’ils bougent moins, mais c’est une erreur. Une bonne guérison consomme de l’énergie, beaucoup d’énergie ! Abordons les principes de base avant de nous pencher sur les besoins plus spécifiques en cas de blessure.

Les glucides

La fonction première des glucides est de fournir de l’énergie. C’est la source d’énergie préférée de notre corps, c’est pourquoi nous ne devrions jamais supprimer complètement les glucides. En cas de pénurie, l’organisme se tournera vers les protéines et les graisses pour obtenir de l’énergie, ce qui fera l’affaire, mais n’est pas optimal sur le long terme. Les glucides sont également notre principale source de fibres alimentaires. Les fibres sont un groupe complexe de substances contenues dans les aliments végétaux que notre système digestif ne peut pas entièrement décomposer. Elles constituent un élément essentiel de notre alimentation car elles présentent de nombreux avantages. Elles sont connues pour améliorer le contrôle de la glycémie, prévenir la diverticulite et le cancer colo-rectal, réduire le cholestérol de lipoprotéines de faible densité (LDL) et fournir d’importants prébiotiques à notre microbiome intestinal. Nous devrions consommer au moins 30 g de fibres par jour, ce qui peut sembler peu, mais de nombreux adultes ont du mal à en consommer autant !

Les protéines

Les protéines sont utilisées comme molécules de transport et jouent un rôle important dans l’expression génétique, la fonction des anticorps, la santé des os et la structure des muscles. Elles sont constituées d’acides aminés qui peuvent être divisés en trois groupes : les acides aminés essentiels, les acides aminés non essentiels et les acides aminés semi-essentiels. Les premiers sont ceux que nous ne pouvons pas synthétiser et qui doivent donc provenir de notre alimentation. Le deuxième groupe peut être synthétisé tant que nous disposons de suffisamment d’acides aminés essentiels, et le dernier groupe est non essentiel en bonne santé, mais peut devenir essentiel en cas de maladie ou après une intervention chirurgicale ou un traumatisme.

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Les graisses

Les graisses alimentaires fournissent des acides gras essentiels que notre corps ne peut pas synthétiser. Elles sont les principaux composants des membranes cellulaires, sont nécessaires à l’utilisation optimale des vitamines liposolubles (vitamines A, D, E, K) et peuvent constituer une excellente source d’énergie, puisque 1 g de graisse fournit plus d’énergie que 1 g de glucides (9 kcal contre 4 kcal). Les graisses sont souvent qualifiées de « bonnes » ou de « mauvaises ». Les graisses insaturées constituent la première catégorie et comprennent les aliments riches en oméga 3, 6, 7 et 9 (par exemple le saumon, le thon, les olives, l’avocat). Les graisses saturées sont moins bonnes pour la santé et se trouvent dans le fromage, le beurre, les viandes rouges et transformées, ainsi que dans certaines huiles.

Maintenant que nous avons compris les bases, il est temps d’entrer un peu plus dans les détails.

 

L’alimentation après une blessure ou une intervention chirurgicale des tissus mous

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Si vous avez encore besoin d’être convaincu de l’importance de la nutrition après une blessure ou une intervention chirurgicale, sachez que des études ont montré que le risque d’une nouvelle blessure musculo-squelettique est réduit de 64 % si vous respectez les apports nutritionnels recommandés (1). Une autre étude a montré que le risque de blessure est plus faible lorsque l’on prend au moins deux suppléments de protéines ou de glucides par jour (2). Nous ne savons pas encore si cette différence est due à l’augmentation des calories ou à la synchronisation de l’apport nutritif avec un entraînement intense, mais cela souligne l’importance de l’alimentation !

Il est très important de faire attention à l’apport en protéines après une blessure des tissus mous. Nous essayons toujours de limiter l’atrophie musculaire en proposant des exercices à nos patients, mais la nutrition joue également un rôle clé ici ! Les acides aminés sont nécessaires à la guérison des blessures, mais il semblerait que la synthèse musculaire diminue après une blessure ou une immobilisation prolongée (on parle aussi de résistance anabolique), au lieu d’augmenter. Il est donc difficile pour l’organisme de maintenir la masse musculaire, ce qui contribue directement à l’atrophie musculaire. Pour compliquer encore les choses, les muscles qui ne font pas grand-chose (ce qui est le cas après une blessure ou une intervention chirurgicale) n’absorbent pas autant de protéines que les muscles qui fonctionnent normalement, car l’organisme semble penser qu’il n’en a pas besoin. Veillez à conseiller à vos patients d’atteindre leur besoin quotidien en protéines, qui est de 1,6 g/kg/jour, et à les informer sur le meilleur moment pour consommer des protéines. La prise de protéines dans l’heure qui suit le réveil, la coordination avec l’exercice physique (avant et après) et la répartition régulière sur la journée (3 à 5 portions) permettront d’optimiser les conditions d’une bonne cicatrisation.

Ben fait un excellent travail d’explication à ce sujet. Vous pouvez avoir un aperçu en regardant la courte vidéo tirée de sa Masterclass ci-dessous :

Les glucides sont nécessaires pour fournir de l’énergie lors des séances de rééducation. L’entraînement à jeun peut être bénéfique pour la santé et les performances, mais doit être évité après une blessure. L’objectif quotidien est de 3 à 5 g/kg de masse corporelle, mais les glucides ne doivent pas représenter plus de 60 % de l’apport calorique total. Il est préférable d’absorber 50 à 100 g de glucides complexes 3 à 4 heures avant les séances de rééducation et 30 g de glucides rapides 15 à 45 minutes avant la rééducation. Les glucides deviennent moins importants après l’entraînement, où un apport suffisant en protéines est plus crucial.

En plus d’un apport approprié en glucides et en protéines, il ne faut pas oublier d’absorber suffisamment de vitamine C et de collagène. La vitamine C est très importante pour le système musculo-squelettique car elle augmente la synthèse du collagène de type 1, réduit les marqueurs du stress oxydatif et accélère potentiellement la cicatrisation osseuse. Le collagène augmente (en toute logique) la synthèse du collagène après l’exercice, mais à ce jour, on ne sait pas s’il est nécessaire de prendre des compléments de collagène.

Nutrition et santé osseuse

Bien que la nutrition joue un rôle important dans la santé et la consolidation des os, il ne semble pas y avoir de lien de cause à effet entre les deux ! Toutefois, cela ne signifie pas qu’une bonne alimentation ne sert à rien. Les personnes qui souffrent d’un déficit énergétique à long terme présentent une augmentation de l’activité des ostéoclastes et une diminution de celle des ostéoblastes. Cela signifie que les cellules qui dégradent les os sont plus actives, tandis que celles qui sont chargées de les reconstruire le sont moins, ce qui augmente les risques de fracture de fatigue. Pendant très longtemps, on a cru que les protéines étaient en fait mauvaises pour la santé des os, mais des preuves plus récentes ont démenti ce mythe (3,4). Un apport plus important en protéines semble être associé positivement à la masse et à la densité osseuses, ce qui est important pour les femmes ménopausées, qui sont confrontées à ce problème précis. Il est donc recommandé aux femmes ménopausées de pratiquer un exercice physique régulier 3 à 5 fois par semaine et d’absorber 1 à 2 g de protéines/kg de masse corporelle par jour, et idéalement 20 à 25 g de protéines à chaque repas principal.

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Il existe trois autres acteurs principaux qui contribuent à l’optimisation de la santé osseuse : le calcium, la vitamine D et la vitamine K.

Le calcium

On peut affirmer sans trop de risque que presque tout le monde sait que le calcium joue un rôle important dans la santé des os. C’est le nutriment le plus abondant dans notre corps et 99 % de celui-ci est stocké dans le squelette et les dents. Notre corps maintient un processus appelé « homéostasie calcique », ce qui signifie que le taux de calcium dans le sang est toujours maintenu au même niveau (90-110 mg/L). Lorsque les taux sanguins sont trop élevés, le calcium est soit stocké, soit excrété. Lorsqu’ils sont trop bas, notre corps le prélève sur les os, ce qui engendre une réduction de la masse osseuse.

Vitamine D

La vitamine D stimule la formation de la matrice osseuse et optimise la disponibilité du calcium. C’est en fait la meilleure amie du calcium, car les deux travaillent en étroite collaboration. En augmentant la vitamine D, notre organisme est capable d’absorber plus de calcium à partir de la même quantité d’aliments. La supplémentation en calcium seule ne semble pas avoir beaucoup d’effet, mais la supplémentation en calcium ET en vitamine D est recommandée pour les patients présentant un risque élevé de fractures. Notre corps obtient la vitamine D à partir des aliments que nous mangeons (par exemple les poissons gras, le jaune d’œuf et le lait, ainsi que les céréales ou d’autres boissons où la vitamine D est ajoutée) et du soleil ; 10 à 20 minutes d’exposition au soleil pendant les mois d’été suffisent pour obtenir sa dose quotidienne de vitamine D, mais une supplémentation de 10 à 20 microgrammes par jour est recommandée lorsque l’exposition au soleil est minime (par exemple en hiver).

Vitamine K

La vitamine K est un élément moins connu de la santé osseuse. Elle est abondante dans les légumes verts et largement reconnue comme un micronutriment important pour la santé du squelette car elle améliore la fonction des ostéoblastes. Il n’est actuellement pas nécessairement recommandé d’en prendre sous forme de compléments, mais il est important de consommer des légumes pour avoir un apport suffisant en vitamine K.

Nutrition et gestion de l’arthrose

Nous savons tous qu’un IMC élevé augmente les risques de souffrir d’arthrose. La perte de poids peut avoir un impact positif sur les symptômes, même lorsque le cartilage est déjà fortement endommagé. C’est pourquoi, en tant que kinésithérapeutes, nous devrions toujours aborder la question de l’obtention ou du maintien d’une composition corporelle saine comme étant l’une des premières étapes de la prise en charge de l’arthrose.
Il n’existe pas de lien clair entre les glucides et l’arthrose, mais il est prouvé qu’une augmentation de l’apport en acides gras global et acides gras saturés accélère la progression de l’arthrose (5). En ce qui concerne les omégas, il semble qu’un rapport oméga 6/3 plus élevé aggrave les symptômes de l’arthrose. Conseiller aux patients de maximiser leur apport en oméga 3, voire de prendre des compléments si nécessaire, peut s’avérer très bénéfique !

Vous savez déjà que les vitamines D et K jouent un rôle important dans la santé des os. Il n’est donc pas surprenant qu’elles soient également des alliées précieuses pour la santé du cartilage.

Ben explique très clairement comment la vitamine K contribue à la qualité du cartilage dans la vidéo extraite de sa Masterclass ci-dessous :

De nombreuses personnes souffrant d’arthrose se voient prescrire des compléments alimentaires. La glucosamine est l’un de ces compléments populaires, mais son utilisation fait l’objet d’informations contradictoires : certaines études suggèrent qu’elle est utile, tandis que d’autres suggèrent qu’elle ne l’est pas (6). La curcumine (l’ingrédient actif du curcuma) est un complément relativement nouveau, mais qui mérite d’être étudié. Il n’existe pas encore beaucoup de preuves de ses effets sur les symptômes de l’arthrose, mais le petit nombre d’études réalisées a montré une amélioration significative de la douleur et de la fonction, ainsi qu’une diminution des marqueurs inflammatoires (7), ce qui est pour le moins prometteur !

Conclusion

Voilà, c’est fait ! Vous devriez maintenant avoir quelques connaissances de base sur la nutrition, qui vous aideront à guider vos patients dans la bonne direction. Si la nutrition vous intéresse et que vous voulez en savoir plus, Ben Steele-Turner est là pour vous aider.

Regardez son incroyable Masterclass « Les fondamentaux de la nutrition pour les kinés »ICI, vous ne serez pas déçu !

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