McKenzie pour les lombalgies non spécifiques subaiguës

6 mins de lecture. Posté dans Lombaire
Un article de Dr Mary O'Keeffe info

Points clés

  • La méthode McKenzie n’apporte que peu ou pas de bénéfices en termes de douleur et d’invalidité chez les personnes souffrant de lombalgie commune (sub)aiguë à court terme (≤ deux semaines) et à moyen terme (≤ trois mois), par rapport à un livret d’informations sur le mal de dos.
  • La méthode McKenzie n’apporte pas de bénéfice en termes de douleur et d’invalidité chez les personnes souffrant de lombalgie commune (sub)aiguë à court terme (≤ deux semaines) et à moyen terme (≤ trois mois), par rapport à des manipulations ou des mobilisations du rachis.
  • La méthode McKenzie n’apporte pas de bénéfice en termes de douleur et d’invalidité chez les personnes souffrant de lombalgie commune (sub)aiguë à court terme (près de deux semaines) et à moyen terme (près de trois mois), par rapport à du massage ou des conseils.

 

Contexte et objectifs

La méthode McKenzie est une méthode d’évaluation et de traitement des lombalgies très populaire et utilisée par les kinésithérapeutes dans le monde entier. Cette méthode est basée sur le concept selon lequel les symptômes d’un patient peuvent être soulagés à travers la réalisation d’exercices, de postures et de mouvements spécifiques (en clinique et à la maison) qui aideraient à « centraliser » la douleur et ainsi améliorer les mouvements du rachis. Comme la plupart des méthodes d’évaluation et de traitement, la méthode McKenzie a été instaurée dans la pratique clinique avant une évaluation rigoureuse de son efficacité.

Une revue systématique de la littérature bien menée et publiée récemment dans la Cochrane Library a cherché à déterminer si la méthode McKenzie était efficace pour réduire la douleur et l’invalidité chez les personnes souffrant de lombalgie chronique commune subaiguë.

La méthode McKenzie a été instaurée dans la pratique clinique avant une évaluation rigoureuse de son efficacité.

 

La synthèse globale des preuves suggère que pour la lombalgie, le type d’exercice n’est pas important pour le résultat.

 

Méthode

Type d’étude : revue systématique d’essais contrôlés randomisés.

Population : les essais devaient inclure des adultes souffrant d’un épisode de lombalgie commune subaiguë, définie comme une douleur d’une durée de six à douze semaines au maximum. La lombalgie commune est définie comme une douleur ou une gêne située entre les côtes inférieures et les plis fessiers, avec ou sans douleur dans les jambes, sans qu’aucun facteur de douleur structurelle spécifique ne puisse être identifié.

Intervention : la méthode McKenzie. La méthode devait correspondre à ce qui a été décrit par le créateur du traitement (par exemple, protocole de traitement conforme à l’évaluation et à la classification, y compris des mouvements de fin de course répétés ou soutenus de la colonne vertébrale ou une éducation posturale).

Comparaison : intervention minimale comme par exemple un contrôle par liste d’attente, par placebo ou par témoin neutre, ou les deux, avec de brèves interventions éducatives ou des brochures. Thérapie manuelle, incluant des manipulations de la colonne vertébrale, des mobilisations de la colonne vertébrale ou du massage. Autres protocoles d’exercices excluant les principes de la méthode McKenzie.

Outcomes : les principaux étaient l’intensité de la douleur et l’invalidité spécifique au dos.

 

Résultats

Cette étude a mis en évidence cinq essais cliniques. Deux études ont comparé la méthode McKenzie à une intervention minimale, trois l’ont comparée à la thérapie manuelle et une l’a comparée à d’autres interventions (massage et conseils).

En ce qui concerne la méthode McKenzie par rapport à une intervention minimale, l’étude a montré que la méthode McKenzie pouvait entraîner une légère réduction de la douleur et de l’invalidité à court terme.

Pour la méthode McKenzie par rapport à la thérapie manuelle, l’examen a révélé que la méthode McKenzie pourrait avoir peu ou pas d’effet sur la douleur ou l’invalidité.

En ce qui concerne la méthode McKenzie par rapport à d’autres interventions (massage du dos et conseils), l’étude n’a trouvé que peu ou pas de preuves que la méthode McKenzie réduise l’invalidité.

 

Limites

Les essais étaient assez restreints, ce qui laisse subsister des incertitudes dans les résultats. Cependant, l’un des points forts de l’étude est l’accent mis sur les véritables protocoles McKenzie. D’autres études sur le McKenzie ont été assez vagues dans leur définition du McKenzie, ce qui a troublé les conclusions.

 

Implications cliniques

  • La méthode McKenzie – comme beaucoup d’autres approches kinésithérapiques du mal de dos – est un bon exemple de la force des opinions là où les preuves sont les plus faibles. Les preuves actuelles montrent que ce traitement n’est pas efficace, mais les formations internationales sont toujours très prisées. La charge de la preuve incombe aux partisans de ce traitement, qui doivent en démontrer l’efficacité. À l’heure actuelle, ce traitement ne figure pas dans les recommandations de pratique clinique en tant qu’option de prise en charge de la lombalgie. Il n’en sera pas autrement après cette révision. Les kinésithérapeutes doivent faire preuve de scepticisme face aux arguments en faveur de l’efficacité.
  • L’activité physique et l’exercice sont recommandés pour les douleurs subaiguës et chroniques et peuvent aider à prévenir les récidives. La synthèse globale des preuves suggère que pour la lombalgie, le type d’exercice n’est pas important pour le résultat. Nous devrions plutôt nous efforcer d’amener les patients à s’engager dans un exercice et à l’intensifier au fil du temps. Les kinésithérapeutes doivent choisir les exercices en fonction des préférences du patient, de ses objectifs et de ses limitations fonctionnelles. Nous ne devons pas mettre de barrières sur le chemin des patients en recommandant un programme d’exercices spécifiques – par exemple McKenzie ou tout autre régime spécifique (1).
  • L’éducation doit toujours jouer un rôle dans la prise en charge des lombalgies subaiguës (2). Elle peut inclure des informations sur le pronostic, les facteurs de risque, la prévention et les stratégies d’auto-prise en charge.

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