Introduction
Lorsque je suis invité à faire une présentation devant des kinésithérapeutes, on me demande d’enseigner comment reconnaitre les pathologies rhumatologiques, en particulier les arthropathies inflammatoires systémiques comme la polyarthrite rhumatoïde et les spondylarthropathies inflammatoires. Il existe de nombreuses bonnes raisons de savoir reconnaitre les symptômes de ces affections si elles se présentent dans votre cabinet. Parmi elles, on peut citer que le retard de diagnostic est directement lié à de plus mauvais résultats à long terme.
Le développement [en Angleterre] de postes tels que celui de praticien·ne·s de première intention [First Contact Practitioners] et l’augmentation de l’orientation directe vers les kinésithérapeutes est susceptible d’augmenter la présence de ce type de patient·e·s dans nos cabinets, car ils·elles n’auront pas été examiné·e·s par un·e médecin généraliste ou un·e spécialiste [secondary care consultant] avant de vous être envoyé·e. Il y a aussi des problèmes de reconnaissance, mais des campagnes ciblées [en Angleterre] par des groupes tels que le NASS (National Axial Spondyloarthritis Society) et le NRAS (National Rheumatoid Arthritis Society) ont ciblé les cabinets de médecins généralistes et les services de soins secondaires [services spécialisés en Angleterre] pour sensibiliser davantage les clinicien·ne·s et leurs patient·e·s. À ce jour, il n’y a pas eu des campagnes médiatisées destinées aux kinésithérapeutes [en Angleterre].
Mon point de départ habituel est que si ces pathologies ne font pas partie de votre diagnostic différentiel ou si vous ne savez pas comment elles se présentent, elles vont passer à travers les mailles du filet. J’ai vu d’autres pathologies sur les réseaux sociaux mises en avant dans le cadre du processus de raisonnement clinique. Je pense notamment à la dysfonction de l’artère cervicale dans la cervicalgie. Bien sûr, toutes les personnes qui fréquentent votre cabinet ne souffriront pas d’un problème de santé grave et nous savons, grâce à la recherche sur les drapeaux rouges, que toutes les personnes présentant un drapeau rouge n’auront pas nécessairement une maladie sous-jacente grave, mais il est de notre devoir d’être diligent et de les exclure ou de réorienter le cas échéant.
La première étape est la reconnaissance du fait que quelque chose est un peu différent, alors j’ai expliqué ci-dessous comment reconnaitre les symptômes inflammatoires systémiques dans la multitude de présentations auxquelles nous avons affaire au cabinet.
Mode d’apparition
L’apparition d’arthropathies inflammatoires systémiques est assez souvent insidieuse, mais peut être liée à une maladie virale telle qu’une gastro-entérite ou une infection sexuellement transmissible. L’apparition des symptômes culmine entre 20 et 40 ans pour les spondylarthropathies et entre 30 et 60 ans pour la polyarthrite rhumatoïde, mais une apparition en dehors de ces intervalles n’est pas rare.
Aggravation au réveil
Avec les arthropathies inflammatoires, les symptômes (douleurs et raideurs articulaires) sont souvent à leur pire niveau dès le matin, durent plus de 30 minutes et s’améliorent après s’être mis·e en mouvement. Le délai est important, l’arthrose par exemple est souvent aggravée le matin, mais généralement pendant moins de 15 minutes. Si la raideur est «autodéclarée», c’est-à-dire que le·la patient·e propose ce terme pour décrire sa situation, cela donne un pronostic de symptômes inflammatoires.
Douleur nocturne
Pendant nos études, nous apprenons tous·tes que la douleur nocturne peut être un drapeau rouge, mais le détail de cette douleur est d’une importance vitale. Dans le monde de la rhumatologie, l’apparition de la douleur dans la seconde moitié de la nuit (après 2 heures du matin par exemple) est-ce que nous recherchons, surtout si l’individu doit sortir du lit et se déplacer pour soulager ses symptômes.
Contrairement aux problèmes musculosquelettiques plus typiques qui se présentent au cabinet, les symptômes d’arthropathie inflammatoire ont tendance à s’améliorer avec l’activité et à s’aggraver avec le repos. Recherchez des indices tels qu’une aggravation dans la position assise à un bureau ou pendant des trajets en voiture, une amélioration importante lorsque la personne «reste active» ou aucun symptôme à la salle de sport.
Amélioration avec les anti-inflammatoires
Sans surprise, les symptômes de l’arthropathie inflammatoire sont souvent améliorés avec des anti-inflammatoires, recherchez les personnes qui ne peuvent pas faire face sans des doses régulières d’ibuprofène ou de naproxène.
Gonflement
Un gonflement/œdème sans traumatisme soit transitoire soit prolongé des articulations synoviales est un autre indice qu’il pourrait y avoir quelque chose d’inflammatoire. Recherchez surtout une rougeur, de la chaleur et si de multiples articulations sont affectées en particulier au niveau des mains et/ou des pieds. Toutes ces informations peuvent vous amener à aller plus loin dans le questionnement.
Conclusion
Cette liste n’est en aucun cas exhaustive, c’est un point de départ pour commencer à reconnaitre les symptômes inflammatoires. Les arthropathies inflammatoires peuvent se présenter avec n’importe quelle combinaison de ces symptômes et il est important que nous les utilisions comme tremplin pour poser d’autres questions qui augmenteraient notre niveau de suspicion pour ces pathologies telles que des antécédents familiaux et d’autres comorbidités associées.
📚 Restez à la pointe de la recherche en kiné !
Chaque mois, notre équipe d'experts décompose les recherches cliniquement pertinentes sous forme de résumés de cinq minutes, immédiatement applicables au cabinet.
Essayez gratuitement notre revue pendant 7 jours !
N'hésitez pas à partager ce blog !
Blogs associés
Voir toutVous voulez savoir quand nous publions des nouveaux blogs ?
Inscrivez-vous à notre newsletter dès maintenant!
Un petit commentaire ?
Si vous avez une question, une suggestion ou un lien vers une recherche similaire, partagez-la ci-dessous !