Les mauvais exercices existent-ils réellement ?

9 mins de lecture. Posté dans Prescription d'exercices
Un article de Physio Network info

Comme pour la plupart des questions dans le monde de la santé, il n’y a JAMAIS de réponse facile ! Bien que je sois persuadé que vous ayez vu sur les réseaux sociaux quelques articles mentionnant les 5 pires exercices, soyons un peu plus analytiques…

Il y a deux questionnements ici.

Tout d’abord, les MAUVAIS exercices existent-ils réellement ? Et y a-t-il un MAUVAIS mouvement ? Je pose cette deuxième question car on peut suggérer qu’un exercice est mauvais parce qu’il nous emmène dans un mouvement ou une amplitude de mouvement qui est jugé mauvais.

Attaquons-nous à la première question !

OUI, je pense qu’il existe de mauvais exercices !  Et il y a un bon nombre de raisons pour lesquelles je qualifierais un exercice de MAUVAIS. Mais, et c’est un gros mais, les exercices en eux-mêmes ne sont généralement pas mauvais, c’est plutôt l’application de ces exercices à une personne ou à une situation spécifique qui pourrait être MAUVAISE.

L’une des principales raisons est que l’exercice sélectionné n’a pas été correctement réfléchi en pensant au patient. En tant qu’êtres humains, nous sommes influencés par des biais, conscients ou inconscients, et cela inclut également l’exercice. Bien sûr, nous avons tous des affinités pour des exercices que nous pensons bénéfiques, mais si TOUT LE MONDE suit le même programme, alors peut-être que l’individu n’a pas été correctement pris en compte.

Nous pouvons toujours faire de la gymnastique mentale et dire que TOUT LE MONDE doit être plus fort, bouger ou activer un muscle spécifique pour qu’un programme général puisse être justifié. Mais avec la myriade d’objectifs, de blessures, de fonctions et de préférences différents, j’ai du mal à croire que tout le monde devrait faire les mêmes exercices tout le temps.

Un autre souci apparaitrait également si un exercice est dangereux.  Se tenir en équilibre sur un ballon de Klein avec 100 kg au-dessus de la tête ne me semble pas particulièrement judicieux. La balance bénéfices-risques ne s’applique pas ici, peu importe à quel point vous trouvez l’exercice « fonctionnel ». YouTube est rempli d’exercices dangereux et d’échecs, vous pourriez vous amuser pendant des heures !

 

MAUVAIS

Nous pouvons résumer la MAUVAISE utilisation d’un exercice en trois catégories :

Un MAUVAIS timing

La pliométrie pour une tendinopathie réactive peut causer une inflammation, et de même pour des sauts en zig zag trop précoces suite à une reconstruction du LCA. Ces deux exercices peuvent être nécessaires pendant la rééducation, mais le timing est la clé.

Un exercice d’équilibre d’un niveau avancé peut être une MAUVAISE idée pour quelqu’un n’ayant que peu confiance en ses mouvements, ou un exercice de HITT pour quelqu’un avec une très faible condition physique ou des contre-indications, mais cela n’en fait pas systématiquement de MAUVAISES formes d’exercice.

Un MAUVAIS choix

Quelqu’un peut tout simplement DÉTESTER un exercice et n’appréciera pas de le réaliser, ni même ne souhaitera le faire. Ces deux éléments pourraient influer sur le résultat en raison d’une faible compliance ou d’un manque d’effort.

Un MAUVAIS stimulus

Un exercice peut ne pas être assez difficile, ou au contraire être beaucoup trop difficile. Maintenant, le degré d’adaptation requis pour un résultat positif est à débattre, mais si le stimulus est trop faible, vous n’obtiendrez probablement pas d’amélioration, et cela pourrait être dû aux compétences ou à la force qui sont trop élevées pour cet exercice. De même, le stimulus pourrait être TROP important et provoquer une inflammation. Certaines positions ou amplitudes articulaires pourraient également empirer certaines blessures, donc éviter ces exercices en période sensible est probablement une bonne idée.


POURQUOI ?

Si vous PENSEZ qu’un exercice est MAUVAIS, demandez-vous POURQUOI ?

Parce qu’une personne sur Internet l’a dit ?

Parce qu’il y a des données spécifiques ou un lien avec une forte prévalence de blessures ?

Parce que je ne l’apprécie guère ?

Nous devrions toujours questionner nos croyances au maximum. Cependant, nous réservons souvent l’analyse critique aux croyances des autres.

 

MOUVEMENT

Attaquons-nous maintenant à la seconde question.

Y a-t-il un MAUVAIS mouvement ?

Quelle colle ! Ce blog serait beaucoup trop court pour pouvoir en débattre de manière pertinente. Mais à l’heure actuelle, aucune donnée scientifique ne prouve que faire un « mauvais mouvement » sur une durée de l’ordre de quelques minutes serait délétère.

Si vous preniez des mesures répétées du MÊME mouvement par la MÊME personne, vous constateriez probablement des différences subtiles, ou même majeures, dans la manière dont il est exécuté. La même chose est vraie lorsque vous regardez deux personnes DIFFÉRENTES bouger, elles auront probablement des stratégies très différentes. Ainsi, la même personne bougera différemment à chaque fois, et différemment de quelqu’un d’autre qui lui également bougera différemment à chaque fois. Cela signifie que c’est assez compliqué !

Quelle est la mauvaise stratégie ? Qui sait ! Encore une fois, si vous pensez que c’est mauvais, demandez-vous pourquoi ? Cela nécessite-t-il un examen approfondi ?

Comme je l’ai dit au début, on pourrait dire qu’un exercice est MAUVAIS parce qu’il nous emmène dans un mouvement ou une amplitude jugés mauvais, comme la flexion lombaire ou le valgus du genou. L’exercice du crunch abdominal serait un bon exemple de cette pensée : avec la flexion lombaire qu’il implique, il a été suggéré dans certains cercles qu’il serait préférable de l’éviter.


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Cependant, le mouvement n’est qu’une petite partie de l’équation ; nous avons également la force générée par la rapidité avec laquelle nous effectuons un mouvement ou lorsqu’une charge externe est ajoutée. Je ne suis pas un génie de la biomécanique, loin de là, mais nous pourrions atteindre les amplitudes articulaires problématiques très progressivement, avec beaucoup moins de risques pour les tissus que si nous bougeons trop rapidement. Cela ne se résume pas qu’à l’amplitude ou au mouvement.


UNE QUESTION DE TEMPS ?

Encore une fois, tout cela pourrait se résumer à une question de timing ? Peut-être pourrions-nous dire qu’éviter un mouvement irritant à court terme POURRAIT être une bonne chose.

Prenons l’exemple de la flexion lombaire, elle fait partie de la diversité des mouvements disponibles pour les êtres humains, et la plupart d’entre nous l’utilise dans ses activités quotidiennes ; donc l’idée serait de pouvoir refaire ce mouvement à un moment, et d’y ajouter une tolérance.  À court terme, éviter d’irriter le dos est intelligent, mais éviter la flexion sur le LONG terme pourrait devenir un problème, avec une augmentation du seuil de sensibilité, des conséquences physiques et/ou psychologiques pour un mouvement normal, avec des charges normales.

Nous pourrions résumer cela au fait que le mouvement lui-même n’est pas MAUVAIS, mais dans CERTAINS contextes, comme les périodes plus sensibles ou avec des charges trop élevées, cela pourrait être un problème.

L’examen des données cinématiques de blessures graves telles que les ruptures du LCA le met en évidence. Les ruptures du LCA ont tendance à se produire sur une seule jambe, à grande vitesse avec un faible angle de flexion du genou et souvent la cerise sur le gâteau est également un valgus du genou !

Ainsi, il est peu probable que le valgus de genou à lui seul puisse causer une blessure lors d’un mouvement tel qu’un squat ou une fente. Je ne connais pas la prévalence de blessure du LCA lors d’un squat, mais je doute qu’elle soit élevée.

S’il vous plait, ne prenez pas cela comme une manière de vous dire « Faites un valgus de genou à 200 kg de charge, ça ne risque rien »… car ce n’est pas ce que j’ai dit !  Plus la charge est élevée, plus la force est importante, ce qui met en évidence la nature bilatérale de l’équation du mouvement et de la force. Pourtant, la plupart des sportifs ne rompent pas leur LCA dans la salle de musculation !


ADAPTATION

Une autre question : la personne est-elle adaptée pour ce type de mouvement ?  Si on faisait un arrêt sur image de Djokovic sur le court de tennis, vous feriez sûrement la grimace en voyant la position de ses articulations, avec une très grosse charge.  Un joueur d’un niveau inférieur pourrait atteindre les mêmes amplitudes articulaires, mais les matchs sont moins intenses et moins longs.

Pourquoi n’a-t-il pas de blessure récurrente aux genoux ? Probablement parce qu’il est bien ADAPTÉ à ces mouvements. La charge qu’il atteint dans ces positions pourrait être PROTECTRICE car nous sommes des créatures biologiques NON mécaniques.

La même chose pourrait être véridique pour une personne à la salle de musculation, réalisant de très mauvais soulevés de terre. Vous voyez de qui je parle, n’est-ce pas ? Pourquoi n’est-il pas tout le temps blessé ? Peut-être qu’en s’entrainant mal, il s’y est adapté. Cela pourrait-il être problématique avec les mêmes charges pour un novice ? Qui sait, mais potentiellement, le risque augmente.

Donc, cela se résume essentiellement à la PERTINENCE du mouvement/de l’exercice, à la personne et à son état actuel, et non au mouvement/à l’exercice en lui-même.

 

POINTS CLÉS

  • Les exercices peuvent être MAUVAIS !
  • Pas en eux-mêmes, mais surtout dans leur application
  • Il peut y avoir un mauvais timing, un mauvais stimulus ou un mauvais choix
  • Si vous pensez que c’est mauvais, demandez-vous POURQUOI ?
  • Le mouvement est-il MAUVAIS, c’est un questionnement important !
  • Le mouvement est VARIABLE – Donc pourquoi est-il mauvais ?
  • Pas seulement le mouvement, MAIS également la FORCE générée
  • Nous devrions peut-être éviter un mouvement parfois
  • Un mouvement peut empirer la situation selon le contexte
  • Les êtres humains s’adaptent, et les charges lourdes POURRAIENT protéger dans certains mouvements

Ce blog a été initialement publié sur le site web de Ben Cormack. Vous pouvez cliquer ici pour lire plus de billets de blog de cet auteur.

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