Maîtrisez votre prise en charge des douleurs de hanche

10 mins de lecture. Posté dans Hanche/ Adducteurs
Un article de Dr Jahan Shiekhy info

La prise en charge des douleurs de hanche peut être source de confusion, du fait des nombreuses causes de douleur qui peuvent être présentes simultanément, mais également de la multitude d’approches de traitement non invasif à notre disposition. Dans ce blog, nous aborderons une manière concrète de prendre en charge la douleur de hanche, basée sur le cours pratique de la kinésithérapeute experte Jo Kemp.

Après avoir minutieusement réalisé notre évaluation, nous devrions avoir une classification de la douleur de hanche de notre patient et des déficiences associées. C’est grâce à ces informations que nous allons pouvoir prendre en charge cette douleur, à travers une approche multidimensionnelle incluant exercice, thérapie manuelle et éducation.

Consultez la présentation complète de ce processus de prise en charge par Jo Kemp dans son cours pratique juste ici.

 

Renforcement de la hanche et du tronc en progression

L’exercice est la pierre angulaire du traitement de la douleur de hanche, l’accent étant mis sur le renforcement musculaire spécifique de la hanche et du tronc. Pour le renforcement de la hanche, nous utiliserons les paramètres de force / hypertrophie, soit 2 à 3 séries de 8 à 10 répétitions. La présence de douleur pendant et 24 heures après l’exercice est acceptable, mais elle ne doit pas dépasser 3/10 sur l’échelle visuelle analogique (1). De la même façon, nous progressons dans les exercices en fonction des améliorations de la force ET de la tolérance aux augmentations de volume et de charge. Pour chaque exercice, le patient doit réaliser jusqu’à 3 séries de 8 à 10 répétitions avec une douleur maximale de 3/10, avant de passer au niveau de difficulté suivant. Pour le renforcement du tronc, nous favorisons la capacité d’endurance, et nous nous concentrerons donc sur 3 séries de 20 à 30 secondes.

Renforcement des adducteurs de hanche

Pour renforcer les adducteurs de hanche, on peut commencer par effectuer des levers de jambes en position allongée sur le côté, avec des temps de pause de 2 à 3 secondes, car c’est la position qui provoquera le moins de douleur. Puis, nous pouvons progresser en ajoutant une charge externe. Une fois cet exercice maîtrisé, nous pouvons passer à la version debout avec un élastique. La progression finale sera la planche de Copenhague, en commençant en isométrique avec un bras de levier court, comme le montre Jo dans cette vidéo :

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Renforcement des abducteurs de hanche

Tout comme pour les adducteurs, le renforcement des abducteurs de hanche peut commencer au sol afin d’éviter de provoquer la douleur. Nous pouvons commencer par un pont fessier avec un élastique autour des genoux, en écartant les genoux quand le bassin est levé. Pour progresser, nous pouvons réaliser des abductions de hanche debout contre résistance. Enfin, les abducteurs de hanche peuvent être renforcés de façon fonctionnelle, avec un exercice comme le hip hike (montées et descentes du bassin en position debout en équilibre sur un step), où nous pouvons également ajouter de la charge.

Renforcement des extenseurs de hanche

Un exercice fondamental d’extension de hanche est le pont fessier (ou le hip thrust) avec un poids placé sur le bassin. L’avantage de commencer en décubitus dorsal est que nous pouvons ajouter une charge importante aux fessiers sans irriter la hanche, puisque nous utilisons une plus petite amplitude de mouvement. Nous pouvons également effectuer une extension de hanche contre résistance en position debout, ce qui nécessite un contrôle moteur plus important, comme nous pouvons le voir ici :

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Pour le niveau de difficulté final, un très bon exercice de renforcement est le soulevé de terre unipodal, qui a l’avantage de travailler la proprioception de hanche, qui est un déficit que nous retrouvons fréquemment chez les patients atteints de douleur de hanche.

Renforcement des fléchisseurs de hanche

Les fléchisseurs de hanche sont souvent diabolisés comme étant trop raides et tendus. Cependant, les patients souffrant de douleurs de hanche ont souvent des fléchisseurs faibles et effectivement tendus. De nombreux patients constatent que les sensations de tension des fléchisseurs s’améliorent lorsque nous sollicitons les fléchisseurs dans toute l’amplitude de mouvement.

Nous pouvons commencer le renforcement des fléchisseurs de hanche en position allongée sur le dos, avec une amplitude de mouvement réduite, puis nous pouvons progresser vers une position debout, qui reproduit la fonction du fléchisseur de hanche dans le cycle de marche, comme nous pouvons le voir ici :

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Pour les sportifs, Jo recommande de travailler dans une position de gainage avec une extension de hanche, ce qui mettra une charge importante en isométrique sur la jambe d’appui.

Exercices de stabilisation du tronc

Le travail de la stabilisation du tronc est assez particulier, car nous voulons surtout améliorer l’endurance et le contrôle isométrique. Une bonne façon de faire (qui travaille également les abducteurs de hanche) est le gainage latéral, en commençant sur les genoux et les coudes. D’autres façons de travailler la stabilisation du tronc peuvent être : des exercices de gainage en anti-rotation (Pallof presses), des mouvements en diagonale contre résistance élastique (chops and lifts), ainsi que des variations du gainage en planche classique.

 

Rééducation fonctionnelle

En plus du renforcement spécifique et du contrôle moteur, nous devons également redévelopper des schémas de mouvements fonctionnels, tels que le squat et le saut. Cela est particulièrement important pour le côté sain, qui se déconditionne souvent à la suite d’une blessure de hanche.

La manière la plus simple de commencer est de travailler le squat dans une amplitude de mouvement confortable. Nous pouvons ensuite progresser en augmentant l’amplitude de mouvement et l’intensité de l’exercice (en modifiant le rythme, en ajoutant une charge externe, etc.). Ensuite, nous pouvons passer à une variante à une jambe du squat, comme le shrimp squat ou le squat bulgare.

Pour les sauts, nous pouvons commencer avec des sautillements verticaux de faible amplitude à deux jambes, puis progresser avec des changements de direction (sauts latéraux), et enfin des sauts à une jambe.

Consultez le cours pratique de Jo ici pour voir la progression complète de la rééducation fonctionnelle.

 

Thérapie manuelle

Bien que l’exercice soit la pierre angulaire du traitement de la hanche, la thérapie manuelle peut être utile pour réduire la douleur et récupérer les amplitudes de mouvement.

Mobilisation des tissus mous

Les patients présentent généralement des douleurs et des tensions au niveau des fléchisseurs de hanche, des adducteurs et des fessiers, qui sont donc des cibles privilégiées pour la mobilisation des tissus mous.

Jo présente ici une technique de mobilisation du psoas :

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Mobilisation articulaire

Les mobilisations articulaires peuvent être particulièrement efficaces pour récupérer des amplitudes de mouvement sans douleur, améliorant ainsi la réalisation des exercices de rééducation.

Ici, Jo présente une technique de glissement postérieur en position assise, qui reproduit une position de flexion de hanche poussée, qui peut créer cette sensation de pincement antérieur désagréable :

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Éducation du patient

En tant que kinésithérapeutes, nous passons beaucoup de temps avec nos patients, ce qui nous donne l’opportunité de discuter avec eux et de les éduquer. Ainsi, nous devrions les éduquer sur la reprise de l’activité physique, sur les résultats de leurs imageries, ainsi que sur les options de traitement possibles.

Reprise de l’activité physique

En réponse à leur douleur de hanche, la plupart des patients diminuent leur niveau d’activité physique. Nous avons donc l’opportunité de les guider vers des niveaux sains d’activité physique. L’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) recommande au minimum 150 minutes d’activité aérobique et deux sessions de renforcement musculaire par semaine (2). Tout comme avec les exercices de rééducation, nous devrions rappeler aux patients que présenter des douleurs légères pendant l’exercice est sans danger. Les patients peuvent également avoir besoin d’être éduqués sur le rôle positif de l’exercice sur les articulations. Des niveaux modérés d’exercice ne sont pas délétères pour les articulations, ils favorisent au contraire une bonne santé articulaire (3).

Discuter des résultats d’imagerie

Les patients arrivent souvent avec des résultats d’imagerie, mais ne comprennent pas complètement en quoi ces résultats jouent un rôle dans leur processus de rééducation. Notre rôle est de remettre ces résultats dans le contexte de la recherche et de leur cas spécifique. Certains patients peuvent être bloqués par l’idée que la kinésithérapie ne corrige pas la cause de leur douleur et qu’elle serait donc inutile.
Nous devons expliquer à ces patients que les altérations observées à l’imagerie ne signifient pas qu’ils sont condamnés à souffrir de leur hanche. Des études montrent que la taille et la prévalence de la morphologie de hanche (par exemple, le conflit fémoro-acétabulaire) observées à l’imagerie ne sont pas en corrélation avec la symptomatologie (4). Bien entendu, cela ne signifie pas qu’il faille ignorer complètement les résultats de l’imagerie. Au contraire, nous devons rappeler aux patients que l’imagerie n’est qu’une partie du puzzle et que la rééducation permet souvent de s’adapter à ces changements.

Infiltrations et chirurgie

Lorsque les antalgiques et la kinésithérapie ne suffisent pas à soulager la douleur, les patients envisagent des options telles que les infiltrations par corticoïdes et la chirurgie. Si les infiltrations peuvent apporter un soulagement pendant un certain temps, les infiltrations multiples peuvent dégrader le cartilage (ainsi qu’une série d’autres effets secondaires), et les patients doivent donc les aborder avec prudence.
Dans certains cas, la chirurgie peut être bénéfique. Tout en encourageant les patients à essayer un programme complet de kinésithérapie, nous avons également la responsabilité de les orienter vers un chirurgien lorsque cela s’avère nécessaire. Et nous pouvons les informer sur le processus de rééducation pour différentes chirurgies, ce qui les aide à prendre des décisions éclairées et à planifier leur vie de manière appropriée.

 

Conclusion

La prise en charge optimale de la douleur de hanche repose sur une évaluation approfondie, un programme d’exercices rigoureux, de la thérapie manuelle et une éducation du patient. En tant que kinésithérapeutes, nous avons la possibilité d’accompagner nos patients tout au long de leur parcours et de les aider à faire des choix éclairés en matière de soins de santé. Outre la rééducation de la hanche, nos conseils peuvent contribuer à restaurer, voire à améliorer l’état de santé du patient par le biais de l’activité physique.

Pour une présentation complète de la manière de prendre en charge la douleur de hanche, consultez le cours pratique de Jo Kemp ici.

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