Syndrome fémoro-patellaire : trois conseils de prise en charge
Le syndrome fémoro-patellaire (SFP) est l’une des causes les plus fréquentes de gonalgie, et peut avoir un impact significatif sur la qualité de vie des patients. Le manque de données probantes de qualité et sur le long terme peut laisser les kinésithérapeutes perdus dans leurs options de gestion des patients atteints de SFP. Pour les kinésithérapeutes souhaitant aider leurs patients à atteindre leurs objectifs, voici des conseils basés sur les données probantes actuelles.
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1. Le traitement combiné est supérieur au traitement isolé
Une revue systématique et méta-analyse récente a mis en évidence six modalités de traitement efficaces dans la réduction de la douleur et l’amélioration de la fonction du genou à 3 mois (1). Les modalités étaient les suivantes :
- Les exercices ciblés sur le genou
- Les interventions combinées
- Les semelles
- La thérapie manuelle du quadrant inférieur
- Les exercices ciblés sur le genou combinés à une injection périneurale de dextrose
- Les exercices ciblés sur la hanche et le genou.
La recherche montre que les exercices ciblés sur le genou combinés à des injections périneurales de dextrose, ainsi que les exercices ciblés sur les hanches et les genoux sont plus efficaces sur la douleur et la fonction que les exercices ciblés sur le genou uniquement. Par conséquent, la sélection d’un traitement individualisé doit se faire de manière multimodale, en concertation avec votre patient, et être basée sur une approche de rééducation active. Cela peut nécessiter plusieurs essais/erreurs et le maintien d’une bonne compréhension de la part du patient de sa douleur et de sa fonction à travers des réévaluations. Ce sera essentiel pour identifier les modalités de traitement les plus pertinentes pour lui.
2. De l’éducation, encore et toujours
L’éducation est la pierre angulaire de toute intervention en kinésithérapie : sans une bonne compréhension de leur pathologie, comment faire adhérer les patients à une prise en main autonome de leur rééducation ? Premièrement, pour gérer leur douleur et améliorer leur sentiment d’auto-efficacité, il faut apprendre aux patients les stratégies de mise en charge progressive, de positionnement et de progression dans les activités. Ensuite, une discussion transparente concernant les options de traitement, et le manque de données probantes au long terme pour soutenir l’efficacité de ces modalités de traitement est recommandée afin de s’assurer que les patients soient informés (1), et ainsi capables de participer activement à la planification de leur traitement.
Il peut aussi être important de discuter des inquiétudes de votre patient et de le rassurer par rapport à l’intégrité son articulation fémoro-patellaire. Une étude qualitative sur les croyances vis-à-vis des craquements a montré que ces derniers peuvent entraîner des émotions négatives et mener à des comportements altérés d’évitement liés à la peur (2). Ainsi, prendre le temps d’éduquer le patient sur ses symptômes tels que les craquements et désamorcer ses inquiétudes pourrait aider à limiter des stratégies d’adaptation inutiles.
3. Prendre en charge le patient entièrement
Des études ont montré une prévalence élevée d’anxiété, de dépression et de kinésiophobie chez les patients atteints de SFP (3, 4). Quelle que soit la pathologie, il est important de prendre en compte la variété de facteurs qui peuvent influencer la douleur, la fonction et la qualité de vie de votre patient. Aborder des questions liées aux habitudes de sommeil, aux changements d’humeur, et à la confiance du patient en son genou, peuvent aider à dresser un tableau de l’impact du SFP dans la vie du patient. Pour certains, des interventions telles que les stratégies de sommeil et la pleine conscience peuvent influencer positivement leur douleur et leur fonction.
De plus, la kinésiophobie peut influencer les schémas moteurs et a été liée à de la douleur et une difficulté à la montée des escaliers chez les femmes (5). Ainsi, l’évaluation et la prise en charge de la kinésiophobie pour éviter des stratégies motrices contre-productives seraient bénéfiques. Par exemple, des exercices sans douleurs mais similaires au facteur aggravant du patient pourraient aider à améliorer la confiance que le patient a en son genou, réduire sa kinésiophobie et améliorer sa fonction.
Conclusion
Le manque de données probantes de haute qualité pour guider l’intervention conservatrice du SFP peut être délicat pour les kinésithérapeutes. Cependant, l’émergence d’informations de qualité pourrait aider les praticiens à mettre en place une approche davantage centrée sur le patient atteint de SFP, avec pour objectif d’améliorer les résultats sur le long terme. Il est vital de travailler en concertation avec le patient pour sélectionner les options de traitement les plus appropriées pour lui.
Points clés :
- Mettre en place un traitement multimodal
- Proposer une approche de rééducation active
- Informer le patient des options de traitement et être transparent sur le manque de données probantes au long terme
- Discuter des inquiétudes du patient vis-à-vis de ses symptômes tels que les craquements et « l’usure »
- Discuter des facteurs psycho-sociaux influençant la pathologie
- Évaluer et prendre en charge la kinésiophobie éventuellement présente.
Si vous souhaitez gagner en connaissance et améliorer vos compétences dans l’évaluation et la prise en charge du syndrome fémoro-patellaire, regardez la Masterclass de Claire Robertson !
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