Méniscectomie vs kinésithérapie chez les jeunes

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Un article de Physio Network

Dans cet article, les auteurs ont cherché à déterminer si la méniscectomie partielle présentait un avantage par rapport au traitement conservateur par kinésithérapie dans le contexte d’une déchirure méniscale traumatique chez des sujets jeunes.

Ce que vous vous apprêtez à lire est un court extrait de l’une des analyses de notre revue Physio Network. Des spécialistes y décortiquent et analysent pour vous la recherche la plus récente et la plus pertinente dans le but d’améliorer la pratique de la kinésithérapie.

Ce que vous allez lire ci-dessous est un extrait de notre analyse.

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Revenons à l’étude !

TITRE DE L’ETUDE : Van Der Graaff S, Eijgenraam S, Meuffels D, van Es E, Verhaar J, Hofstee D, Yang K, Noorduyn J, Arkel E, Brand I, Janssen R, Liu W, Zeinstra S, Reijman M (2022) Arthroscopic partial meniscectomy versus physical therapy for traumatic meniscal tears in a young study population: A randomised controlled trial. British Journal of Sports Medicine, 1-8.

Étude analysée par Travis Pollen dans le numéro d’octobre 2022 de notre revue Physio Network

 

Points clés

  1. Les méniscectomies partielles sous arthroscopie sont la chirurgie orthopédique la plus fréquemment pratiquée dans le monde, malgré le peu de preuves de sa supériorité par rapport au traitement non chirurgical.
  2. Cet essai contrôlé randomisé a comparé la méniscectomie partielle sous arthroscopie à la kinésithérapie avec possibilité de chirurgie différée chez 100 jeunes patients (âgés de 18 à 45 ans) présentant des déchirures méniscales traumatiques.
  3. La chirurgie n’était pas supérieure à la kinésithérapie : au bout de 2 ans, il n’y avait aucune différence dans les résultats entre les groupes.

 

Contexte et objectifs

Des études antérieures ont montré que la chirurgie n’est pas meilleure qu’un traitement non chirurgical pour les adultes d’âge moyen et plus âgés atteints de déchirures méniscales dégénératives (2). Cependant, aucun essai contrôlé randomisé (ECR) n’avait été mené sur des patients plus jeunes souffrant de lésions traumatiques.

Le but de cet ECR était de déterminer si la méniscectomie partielle arthroscopique était supérieure à la kinésithérapie chez les jeunes patients (âgés de 18 à 45 ans) présentant des déchirures méniscales traumatiques.

 

Méthode

100 patients (âgés de 35 ± 8 ans, 76 % d’hommes, 34 % d’athlètes de compétition ou de haut niveau) présentant des déchirures méniscales traumatiques de grade 3 au cours des 6 derniers mois ont été randomisés pour recevoir soit une méniscectomie arthroscopique partielle (n = 49) soit des séances de kinésithérapie en gardant la possibilité de chirurgie après 3 mois si les douleurs au genou persistaient (n = 51).

Le groupe kinésithérapie a suivi un protocole de traitement individualisé et échelonné qui a duré au moins 3 mois, la fréquence étant déterminée par le kinésithérapeute. Voir la vidéo de certains des exercices effectués.

 

Les résultats ont été mesurés au départ et à 3, 6, 9, 12 et 24 mois. Le critère principal de jugement était le score de 100 points de l’International Knee Documentation Committee (IKDC).

 

Résultats

  • Les patients du groupe kinésithérapie ont assisté à une médiane de 8,5 séances. Les patients du groupe chirurgie ont également été autorisés à participer à des séances de kinésithérapie postopératoire, et 42 % d’entre eux l’ont fait, assistant à une médiane de 5 séances.
  • Parmi les patients du groupe kinésithérapie, 41 % ont opté pour une méniscectomie partielle sous arthroscopie différée après une médiane de 5,5 mois après le début de l’étude.
  • Les deux groupes ont présenté des améliorations cliniquement importantes des scores IKDC au cours de la durée de l’étude. Il n’y avait aucune différence entre les groupes dans les scores IKDC à aucun moment (voir la figure 1).

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  • À 24 mois, sur la base des données de 91 % de l’échantillon initial, les deux groupes ont obtenu un score de 78 sur 100 (intervalle de confiance à 95 % = 71 à 84).
  • Les analyses post hoc n’ont montré aucune différence à 24 mois entre les patients du groupe kinésithérapie ayant opté ou non pour une chirurgie différée.

 

Limites de l’étude

  • Cet échantillon était composé de nombreux athlètes de haut niveau (scores Tegner moyens avant blessure : 6 ± 2). De plus, l’étude peut avoir été biaisée en faveur des patients sans forte préférence de traitement (sur tous les patients éligibles à l’étude, 32 % ont refusé de participer en raison d’une forte préférence de traitement).
  • Au départ, l’échantillon était en moyenne de 3 mois après la blessure. Le long délai d’inclusion (jusqu’à 6 mois après la blessure) peut avoir entraîné une amélioration des caractéristiques initiales du genou par rapport aux patients ayant subi une blessure plus récente.
  • Cette étude n’a pas fait état du temps nécessaire pour reprendre le sport.

 

 

Implications cliniques

Il existe une hypothèse répandue selon laquelle la méniscectomie partielle sous arthroscopie est nécessaire et supérieure à la kinésithérapie pour les déchirures méniscales traumatiques. Cependant, cette étude ne va pas dans ce sens. Sur une période de deux ans, il n’y avait aucune différence dans les résultats entre les groupes.

Ce qui est particulièrement remarquable, c’est qu’un sous-groupe de 59 % des participants du groupe kinésithérapie a complètement évité la chirurgie et a fini l’étude sans différence avec l’autre groupe. Cependant, les scores finaux de l’IKDC étaient pour la plupart dans les 70 et 80, ce qui ne représente pas une restauration totale de la fonction du genou pour aucun groupe.

Les résultats soutiennent une prise en charge conservatrice en première intention, en particulier en l’absence d’une forte préférence des patients pour la chirurgie.

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Voici les 11 autres études que nous avons analysées dans notre numéro de septembre qui vient de paraître :

  • Mécanismes de la thérapie manuelle
  • Niveau de la radiculopathie cervicale : accord entre dessin et IRM
  • Adaptations à la charge des tendons sains des membres inférieurs
  • Perdre du poids réduit le risque de nécessiter une prothèse de hanche ou de genou
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  • Le Copenhagen Shoulder Abduction Rating dans l’incapacité de l’épaule
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