L’arthrose du genou : mise en application de la recherche dans la pratique clinique

8 mins de lecture. Posté dans Genou
Un article de Ashish Dev Gera info

L’arthrose, une maladie articulaire progressive entraînant des douleurs chroniques et un handicap, est le type d’arthropathie le plus répandu dans les pays développés et en développement, avec 250 millions d’adultes touchés dans le monde (1). L’arthrose du genou représente plus de 80 % de la charge globale de morbidité et touche au moins 19 % des adultes américains âgés de 45 ans et plus (2). Malgré la charge que cette maladie représente et son lien étroit avec les facteurs liés au mode de vie, la prise en charge de l’arthrose du genou est souvent en contradiction avec les données actuelles qui préconisent des interventions non chirurgicales et une approche axée sur l’exercice pour améliorer la fonction.

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L’objectif de ce blog est de réduire le fossé entre les données probantes actuelles et les traitements mis en place pour les patients en discutant d’une étude de cas et de la manière dont les revues de Physio Network m’ont aidé à comprendre et à combler ce fossé.

 

Étude de cas

Ma patiente était une femme de 55 ans qui souffrait de douleurs bilatérales au genou depuis deux mois. Elle s’est présentée avec un diagnostic de gonarthrose bilatérale confirmé par une radiographie. La douleur était de 4/10 au mieux et de 8/10 au pire. Les facteurs aggravants étaient la station debout continue pendant plus de 20 minutes et le fait de trottiner. Il lui était possible de marcher sur de courtes distances, mais la douleur présente de manière intermittente rendait la descente des escaliers difficile. On pouvait entendre des crépitements dans le genou droit associés à un manque d’extension et il y avait une sensibilité le long de l’interligne articulaire avec un gonflement.

Des AINS lui ont été prescrits et on lui a recommandé de se reposer. Elle a également essayé un traitement ayurvédique (remède naturel indien) qui a apporté un soulagement à court terme. Elle a essayé la physiothérapie, qui consistait en l’utilisation de TENS et d’ultrasons avec quelques exercices de base qui n’ont pas aidé. Elle est femme au foyer et effectue des travaux physiques en plus du ménage et de la cuisine. Son médecin l’a informée que son arthrose du genou était un « contact d’os à os » et qu’elle ne devait pas trop le solliciter. De fait, elle était trop protectrice vis-à-vis de son genou et pensait avoir besoin d’une prothèse.


Approche thérapeutique principale

Cette revue de Physio Network m’a permis de réaliser que ma patiente n’avait jamais reçu les approches thérapeutiques de première intention pour la prise en charge de son arthrose de genou. Au vu de cette revue, je me suis abstenu d’utiliser la même méthode à base d’électrothérapie et d’exercices de « bon positionnement » du quadriceps qu’on nous avait enseignée pour gérer la gonarthrose et j’ai suivi les lignes directrices de cette revue afin de mieux orienter ma pratique clinique.

 

Explorer les croyances

Cet article de Physio Network rédigé par le Dr Jarod Hall explique brillamment comment le fait de croire que l’on a « des changements osseux dans le genou causés par l’usure et qui ne feront qu’empirer avec le temps » peut amener les patients à demander une intervention chirurgicale et à éviter l’activité physique. Il est essentiel d’améliorer nos compétences en matière de communication clinique afin de ne pas renforcer les comportements de peur et de kinésiophobie. Cette revue m’a encouragé à interroger ma patiente sur ses croyances et à l’informer sur son état. Elle pensait à tort que l’exercice ne pouvait pas régénérer le cartilage, ce qui ne correspond pas aux données actuelles (3).

 

Faire de l’éducation du patient une tradition

Je me suis attaché à identifier et à traiter les croyances et les perceptions de ma patiente concernant son état. J’ai pu expliquer le diagnostic et le pronostic de l’arthrose du genou et discuter de l’effet de l’activité physique et de la modification d’autres facteurs liés au mode de vie, notamment ses habitudes alimentaires, la gestion du stress et du poids. Nous avons parlé des poussées et de la mise en charge progressive de l’articulation. J’ai pu rassurer la patiente et lui permettre de fixer des objectifs en connaissance de cause, tout en lui laissant le pouvoir de décision dans son processus de rééducation.

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L’exercice physique va-t-il aggraver l’état mon genou ?

La patiente appréhendait l’activité physique, notamment parce qu’elle pensait que l’exercice endommagerait davantage son genou et aggraverait la progression de l’arthrose à l’IRM. Il s’agit d’une idée fausse très répandue dans la population indienne. Bien que les conclusions de l’article d’Anthony Teoli publié par Physio Network ne puissent pas être généralisées, j’ai pu répondre à cette crainte et avoir une conversation positive tout en lui donnant confiance, en l’encourageant et en la rassurant.

Cette revue indique que la pratique d’une activité physique modérée à intense, conforme aux recommandations en matière d’activité physique, n’est pas associée à la progression de la gonarthrose à l’imagerie et qu’elle ne présente pas de danger.

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Kinésithérapie ne veut pas dire thérapie passive

« … mais qu’en est-il du TENS, des ultrasons, du laser, de l’acupuncture ? »

« Comment peuvent-ils être inefficaces alors que les patients semblent se sentir mieux ? »

« Que disent les données probantes sur ces traitements que l’on nous a enseignés ? »

Voilà quelques-unes des questions qui ont continué à me trotter dans la tête pendant le processus de rééducation. Cet article de Todd Hargrove sur Physio Network nous éclaire sur un point de vue différent. Il affirme qu’il est peu probable que la réduction de la douleur soit due à des effets physiologiques directs, mais plutôt à l’effet placebo, à l’effet total des co-thérapies, à l’histoire naturelle de l’arthrose ; tous classés dans la catégorie des « effets contextuels » du traitement. L’utilisation de ces thérapies passives peut réduire le sentiment d’auto-efficacité et contribuer à entretenir une confusion quant à la cause de la douleur au genou. Cet article m’a aidé à remettre en question mes préjugés et à prendre une décision fondée sur des données probantes, en accord avec les préférences de ma patiente.

 

L’exercice : quoi et en quelle quantité ?

Comme beaucoup de mes collègues, j’ai toujours eu des doutes quant à la meilleure forme d’exercice pour prendre en charge l’arthrose du genou. Lorsqu’il est question d’entraînement à haute intensité et de sa capacité à soulager davantage la douleur que l’entraînement à faible intensité, lequel dois-je choisir ? Cette revue de Physio Network suggère qu’il n’y a pas de meilleur exercice pour les patients souffrant d’arthrose du genou et que le type d’exercice choisi doit être conforme aux objectifs et aux préférences du patient, à ses capacités et limitations physiques actuelles, à ses niveaux d’exercice antérieurs, entre autres.

Ma patiente avait un mari qui la soutenait et l’encourageait à l’accompagner à la salle de sport. Elle a commencé par renforcer les membres inférieurs à 40 % de sa répétition maximale (1 RM) et a progressé jusqu’à 60 % de sa RM (2 fois par semaine pendant 8 semaines). Elle a pu augmenter graduellement jusqu’à 150 min/semaine d’entraînement aérobie d’intensité modérée (vélo stationnaire). Au bout de 4 semaines, nous avons commencé par une activité physique modérée à intense d’environ 10 minutes. Je l’ai orientée vers un nutritionniste pour qu’il s’occupe de son régime alimentaire en vue d’une perte de poids (IMC : 26 kg/m2) et je l’ai encouragée à poursuivre son programme d’entraînement sur le long terme (4).

 

Le mouvement est la solution

Cet article de Physio Network contenant des informations sur le programme Good Life withosteoArthritis in Denmark (GLA:D®) a permis de sensibiliser la patiente aux avantages de l’exercice physique régulier, de se créer une feuille de route pour la rééducation et d’avoir un impact positif sur sa vie et sa fonction. En m’inspirant de certains aspects du programme présentés dans la revue, j’ai pu trouver un point d’entrée avec la patiente et la faire progresser vers des activités de renforcement à haute intensité. Le programme était souple et m’a permis de m’assurer qu’elle recevait des prescriptions d’exercices en tant que première ligne de traitement.

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Prêt à retrouver des genoux en pleine forme ?

Le message clé de cet article de Physio Network est simple. Il est temps de changer le discours sur l’arthrose du genou. Il est temps de mettre l’accent sur le traitement de première intention (perte de poids et gestion autonome du patient) et de confier au patient les rênes de son plan de traitement. Les revues de recherche de Physio Network m’ont beaucoup aidé à changer ce discours et mon traitement en aidant mes patients à aller mieux sans avoir besoin d’une intervention chirurgicale. Se rendre compte que la douleur liée à l’arthrose du genou est un symptôme modifiable lié à des structures du genou sensibilisées plutôt qu’à des structures endommagées m’a aidé à mieux comprendre et à améliorer l’adhésion de mes patients à l’exercice.

 

 

 

 

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