Un guide des différents types d’études de la recherche scientifique en kinésithérapie

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Un article de Dr Jenny Hunnicutt info

Les kinésithérapeutes s’appuient sur la recherche pour étayer leur propre pratique dans le cadre de la « médecine fondée sur les preuves » ou « evidence-based medicine » (1). La médecine fondée sur les preuves désigne la mise en commun de la recherche, de l’expertise clinique et des valeurs des patients pour guider la prise de décision dans les soins.

Afin de développer cette composante de recherche qui fait partie de la médecine fondée sur les preuves, les kinésithérapeutes doivent se tenir au fait de la large littérature scientifique disponible. Ils doivent également comprendre la hiérarchie des types d’études et la façon dont ils sont représentés dans la recherche en kinésithérapie.

Dans cet article, nous allons passer en revue les différents types d’études de la recherche scientifique en kinésithérapie. Pour chaque type d’étude, nous discuterons des scénarios dans lesquels ils sont utilisés, et nous les appliquerons à des exemples de la recherche en kinésithérapie.

 

Essais contrôlés randomisés

Les essais contrôlés randomisés représentent le niveau le plus élevé de la méthodologie scientifique, et sont souvent considérés comme le « Gold Standard » pour déterminer l’efficacité d’un nouveau traitement (2). Ils sont prospectifs, c’est-à-dire qu’ils sont planifiés avant toute collecte de données. Ils impliquent la répartition aléatoire des participants à un groupe expérimental ou à un groupe témoin.

En ce qui concerne la recherche en kinésithérapie, le groupe témoin suivra souvent un certain type de thérapie, plutôt que de ne recevoir aucune thérapie, comme dans le cas d’un véritable groupe témoin. À titre d’exemple, voici un essai contrôlé randomisé qui compare un programme d’entraînement à charges élevées supervisé à un programme d’entraînement à domicile (plutôt qu’à l’absence d’entraînement) pour des patients atteints de douleurs sous-acromiales.

La randomisation offre aux participants une chance égale de faire partie de l’un ou l’autre groupe. Cela réduit les biais en équilibrant les caractéristiques des participants entre les groupes. Souvent, les participants ne savent pas à quel groupe ils sont assignés (on parle de répartition « en aveugle »).

Les essais contrôlés randomisés sont le meilleur moyen de déterminer un lien de causalité (c’est-à-dire les résultats dus à l’intervention plutôt qu’à d’autres facteurs).

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Études de cohorte

Les études de cohorte suivent des participants qui présentent une caractéristique commune. Elles sont longitudinales, ce qui signifie que les chercheurs observent les participants sur une certaine période. Elles peuvent être prospectives (suivre les participants au fil du temps) ou rétrospectives (suivre les participants a posteriori).

Les études de cohorte sont idéales pour déterminer les facteurs externes qui influencent la santé. Elles permettent également de déterminer les facteurs de risque de blessures ou de pathologies.

En kinésithérapie, les chercheurs peuvent utiliser une étude de cohorte pour suivre des patients qui ont eu recours à un traitement kinésithérapique pour une pathologie spécifique. Tous les participants ont reçu le traitement et n’ont pas été assignés de manière aléatoire à un groupe, comme avec les essais contrôlés randomisés. Les chercheurs déterminent si des facteurs (tels que l’âge, la gravité de la blessure, l’adhésion au traitement, etc.) affectent les résultats du traitement. Cette revue de littérature du Dr Mariana Wingwood présente un exemple d’étude de cohorte rétrospective, qui a évalué l’efficacité d’une rééducation précoce chez des patients présentant des fractures vertébrales par compression.

Les études de cohorte prospectives sont un type d’étude solide et sont assez répandues dans la recherche en kinésithérapie. Cette autre revue, rédigée par Stacey Hardin, présente un exemple d’étude de cohorte prospective ayant suivi des joueurs de football professionnels pour évaluer les facteurs de risque de douleur de la hanche et de l’aine.

 

Études cas-témoins

Les études cas-témoins sont des études qui analysent des données du passé pour comparer des patients qui ont une blessure/pathologie (les cas) aux patients qui n’en ont pas (les témoins). Les témoins sont appariés aux cas selon des variables démographiques telles que l’âge, le sexe et le niveau d’activité physique.

Les études cas-témoins sont utiles pour déterminer les facteurs de risque de blessures ou de pathologies. De nombreux chercheurs mènent ces études initialement pour en savoir davantage sur la blessure/pathologie avant de réaliser un essai prospectif.

Les études cas-témoins sont répandues en kinésithérapie. Un exemple est cette revue de littérature du Dr Melinda Smith sur les facteurs de risque chez les coureurs présentant un syndrome de stress tibial médial comparés à des coureurs asymptomatiques avec les mêmes caractéristiques démographiques.

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Études transversales

Les études transversales sont des études observationnelles qui évaluent les données de participants à un instant t. Elles sont utilisées pour mettre en évidence un lien entre deux variables. Par exemple, cette revue de Steve Kamper présente une étude transversale ayant cherché à déterminer si la posture et l’utilisation du smartphone étaient liées aux cervicalgies chez les jeunes adultes.

Les chercheurs en kinésithérapie utilisent des études transversales pour des recherches basées sur des sondages, ainsi que pour des études cliniques. Les études transversales sont généralement plus rapides et plus économiques, et sont donc plus attrayantes et plus concrètes dans le contexte clinique de la kinésithérapie.

 

Séries de cas et études de cas

Les derniers types d’études, qui sont les plus faibles méthodologiquement, sont les séries de cas (~<10 personnes par étude) et les études de cas (une personne par étude). Elles sont considérées comme étant les plus faibles car en raison de la petite taille d’échantillon, elles sont moins susceptibles d’être généralisées à la population concernée.

Cependant, les séries de cas/études de cas peuvent être extrêmement instructives à la pratique en kinésithérapie, en ce qu’elles décrivent souvent des cas rares ou inhabituels de blessures ou pathologies. Elles offrent un aperçu de la pratique clinique d’un autre thérapeute ou d’une équipe soignante, ce qui peut contribuer à éclairer sa propre pratique. Un exemple que vous pouvez trouver ici a été présenté par Robin Kerr : il s’agit d’une série de cas de cinq patients ayant reçu une approche de traitement alternative pour une capsulite rétractile.

 

Conclusion

Dans le cadre d’une pratique fondée sur les preuves, il est important de se familiariser avec les différents types d’études que l’on peut retrouver dans la recherche en kinésithérapie. Comprendre les raisons derrière chaque type d’étude permet aux kinésithérapeutes de déterminer si une étude doit affecter ou modifier leur pratique clinique.

Il faut garder en tête que chaque type d’étude a ses avantages et ses inconvénients. Bien qu’elles soient classées selon une hiérarchie allant des méthodologies les plus solides (les essais contrôles randomisés) aux plus faibles (les études de cas), certaines circonstances spécifiques à la recherche en kinésithérapie justifient que certains types d’études soient plus courants et plus efficaces que d’autres.

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